UER - Université Européenne de la Recherche, Faye

 

 

Historique des séminaires

Année universitaire 2005-2006

 

Georges-Arthur GOLDSCHMIDT :

Heidegger et la langue allemande

Il s'agit au cours de ces rencontres de montrer comment la philosophie succombe facilement aux tentations linguistiques auxquelles la langue allemande l'invite. Le risque du philosophique y est la surabondance de créations verbales possibles en quantité presque illimitée (env. 3 à 400 par radical verbal), toutes sollicitées par la même propriété linguistique ( Eigentlichkeit ). Plus il y a recours aux ressources de la langue allemande comme seule apte au philosophique, plus la tentation nationale y est irrésistible, et c'est presque naturellement que Heidegger, pris par la langue, ne put que glisser sur la pente qui s'offrit à lui, jusqu'à confondre nazisme et philosophique comme conjonction ultime sur la voie de l'Eigentlichkeit «allemande» en tant que réalisation du philosophique.

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Ilias TSIMBIDAROS :

Nietzsche, les Grecs et la philosophie moderne

Les thèmes de la volonté, de la puissance et, notemment, celui de la valeur font problème aujourd'hui dans le cadre d'un conflit d'interprétations affectant, d'une part, la compréhension des doctrines antiques et, d'autre part, le statut de la métaphysique. Ce conflit est, à la fois, lié à l'avenir de la pensée et à la juste interprétation des textes. Ceci se passe sur fond d'un retournement symbolique, se traduisant par un appauvrissement de la fonction du mythe (de sa polysémie) et de l'emploi de l'allégorie qui se prête à de réductions, malentendus et déformations.

Un « retour » renouvelé aux Grecs représente-il, en ce sens, un remède au  nihilisme de l'époque –  au niveau de notre interprétation « du monde » au  moins – et comment ?

Nous avons abordé ces questions l'an dernier en les ramenant à un examen pratique et concret de certaines « paraboles » modernes, en les analysant via un retour aux textes. Nous avons évoqué ainsi la question du statut réel  du platonisme (par rapport aux « présocratiques »), l'impact (ou l'écho) du drame (tragédie et comédie) dans les débats philosophiques concernant la « sagesse humaine » socratique opposée à des doctrines spéculatives, aussi bien qu'un discours mariant allégorie et problèmes ontologiques, la Nature et le divin (ici Dionysos) et la représentation dramatique (imaginaire), illustrant les mythes orphiques (sur l'âme) par une mise à mort ou une descente aux enfers, etc.

Séminaire rattaché à la formation doctorale du département de philosophie de l'Université de Paris VIII

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Denis TRIERWEILER :

Critique des concepts de Carl Schmitt

On s'attachera à examiner certains des concepts majeurs de la pensée de Carl Schmitt, aujourd'hui remis au goût du jour, comme la souveraineté, l'état d'exception, la dictature, la discrimination ami/ennemi, le jus publicum etc... On se demandera en particulier si les concepts prétendument "intacts" comme celui de Nomos , ou d' Europe , sous prétexte qu'ils seraient d'après-guerre, peuvent être utilisés avec profit en faisant abstraction de leur contexte schmittien définitivement antisémite.

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Françoise MANDELBAUM-REINER :

Les usages populaires des langues d'Europe

"La langue est une robe couverte de rapiéçages faits avec sa propre étoffe."

F. de SAUSSURE

En perpétuel devenir par les usages qu'en font les sujets parlant, écoutant, lisant, écrivant que nous sommes, les langues d'Europe et d'ailleurs vivent toutes et chacune une vie non biologique mais sémiologique. C'est de ce point de vue strictement linguistique que sera étudié ce non négligeable registre populaire des usages langagiers, trop souvent objet de mépris sinon de rejet ou d'excessif intérêt, surtout depuis que le mot "peuple" a disparu au bénéfice de "public".

Chaque séance de ce séminaire se déroulera en présence d'un(e) invité(e), natif d'une des langues pratiquées en Europe avec qui je présenterai les usages populaires.

Invités:

Georges-Arthure Goldschmidt, Kriss Montfort, Hélène Chatelain et A. Epelboin, Alain Rey, François Caradec, Alex-Louise Tessonneau, Claude Hampel, Orlando de Rudder, Arlette Farge.

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Panagiotis CHRISTIAS :

Cette idée que Platon se faisait de la démocratie

Platon disciple de Thucydide

Nous avons longtemps répété discours de l'école à Paris, des historiens et des héllénistes éminents, comme Pierre Vidal-Naquet, et des philosophes de la démocratie et de l'autonomie, comme Cornélius Castoriadis, qui accable Platon :il s'agit d'un oligarque qui n'a aucun respect pour la démocratie - le pire des régimes avant la tyrannie, disent-ils avec sarcasme. Ils notent également que, de toute façon, il était découpé de la réalité historique, il avait un mépris pour les historiens qui, à l'image de Thucydide, étaient les idoles de ce groupe d'intellectuels très marqués par leur appartenance politique. Or, Platon dit également que la démocratie est le meilleur des régimes parce qu'elle distribue les pouvoirs interdisant ainsi l'excès de pouvoir, et cela pour le meilleur ou pour le pire. Passage brillamment ignoré tout comme le rapport prépondérant qui lie la philosophie de Platon à la clairvoyance de Thucydide. A une telle mesure que le texte de Platon est incompréhensible sans l' écrit de Thucydide.

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Valentine ONCINS :

Montages, de Léonard de Vinci à S.M. Eisenstein.

Montages culturels.

L'intitulé se présente comme une succession de tiroirs distincts. Et cependant il correspond à une seule et même réflexion, celle qui porte sur la limite et sur le passage.

Il s'agit de sceller le sens et la mémoire, mais parfois aussi le non-sens et l'histoire par une usure des limites. Il s'agit toujours de porter en soi le passage à l'autre.

Il s'agit de tenir ensemble le distinctif, le parcellaire, et finalement d'articuler coupure et lien. La mise en tension de l'intervalle et du raccord est au fondement de montages en peinture et au cinéma.

A propos de l'art de L. Vinci, P. Valéry parle d'images-réponses , complémentaires , tout en précisant qu' une image quelconquen'est peut-être que le commencement de nous-mêmes.

Dans ce séminaire, il sera donc question de commencements et de raccords, mais aussi de brisures, dans le sens indiqué par E. Jabès dans son texte ceci a eu lieu : brisure. D'un hypothétique commencement.

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Hélène CHATELAIN :

Entre les lettres du sigle G.OU.L.A.G ou "Carré blanc sur fond blanc"

« En amont de ce séminaire, il y a eu plus de trois ans d'errances dans le Grand Nord russe avec - au bout -un film. Mais le "Goulag" n'est pas un lieu, c'est un sigle. L'espace -temps qu'il recouvre est démesuré » écrivions-nous il y a un an . Derrière les images,il y des mots. Ceux qui ont été écrits au retour de ce voyage. Et les mots d'aujourd'hui, prononcés désormais dans un monde qui s'unifie dramatiquement. Ce qui semblait appartenir à un passé se met à ressembler étrangement à un futur, ce qui semblait une histoire « autre » -celle du monde soviétique - devient, plus le temps passe, une histoire qui nous ressemble.

C'est cette « re-semblance » que je voudrais interroger, au cours de ce deuxième cycle de séminaires.

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Julius CHESNULIAVICHIUS :

Utopies in situ : l'urbanisme, à Jérusalem, dans les années 20.

Quel est le lien entre la tonalité de voix féminine et la disposition de rues dans la ville ? Entre l'émancipation et la spatialisation des rapports sexuels et l'efficacité productrice de la société ? Quoi qu'il en soit, le lien était direct pour les utopistes de la deuxième génération du Mouvement Arts & Crafts qui, vers le tounant du siècle, donna naissance à l'urbanisme.

La pensée et l'imagerie utopiques avaient cumulé une longue histoire des emprunts, des structurations et des transformations idéologiques, bien avant les premiers essais de leur mise en place, au début du 20 ème s., en Europe et aux Etats-Unis. Un autre changement idéologique aura affecté les partisans des nouvelles formes urbaines, pendant les réalisations du projet en Palestine, sous le Mandat britannique. Dans leur autodétermination, ces promoteurs se sont trouvés devant la double tâche de résoudre les contradictions idéologiques internes et de faire en sorte que la nouvelle idéologie se distingue des autres « humanismes » et des autres utopies.
En deux séances, nous examinerons les avatars des visions urbaines et architecturales, à travers les deux utopies : Altneuland (1902) de Théodore Herzl et Yerushalayïm ha-Benuya (1918) de Boris Schatz. Et nous verrons que, malgré son emplacement extra-occidental, l'histoire de cette entreprise est une des pages de l'histoire des idées et des pratiques européennes.

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Michèle COHEN-HALIMI et Jean-Pierre FAYE :

Faire entendre raison aux transformations.

S'ouvre une façon nouvelle de prendre vue sur la question grave de notre temps : la tournure par laquelle la « langue philosophique » de Heidegger a pu s'imposer tout en étant porteuse d'un large ‘dépôt' de positions nazies qui vont jusqu'à anticiper sur les déclarations hitlériennes. Ainsi en exigeant dès l'hiver 1933, dans son cours magistral, « l'extermination totale », la völlige Vernichtung de « l'Asiatique » – entendant par là ceux qui, dix ans plus tard, seront jetés dans les camps d'extermination de la Pologne annexée, les Vernichtungslager.

La nudité d'un « entendement » qui veut entendre, demande aujourd'hui ce qu'il s'agissait par là d'abolir : les mises en perspectives éthiques sur la question des choses mêmes.

« La raison est la plus acharnée des adversaire de la pensée  », annonçait Heidegger vers 1960. Il ne rappelait pas qu'en 1940 il évoquait lui-même une « pensée de la race », une Rasse Gedanke, une völkische Gedanke comme « expérience de l'être ». Il n'appelait pas une « raison de la race », une völkische Vernunft…

Pour Clausewitz déjà, il y a une pensée de la guerre, une intelligence de la guerre. Nulle Vernunft de la guerre.

Ce qui importe aujourd'hui, c'est la possibilité du langage de produire telle ou telle transformation, et des « groupes » de transformations, qui demeurent dissimulées ou impensées. Tout en se montrant redoutablement agissantes.

C'est ce bougé des mots. Qui peut remuer l'histoire. Envahir la philosophie.

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Joël STERNHEIMER :

Le code génodique

A l'interface entre sujet et objet, le code génodique permet d'analyser en termes moléculaires une inspiration musicale, puis de construire la protéodie apte à réguler un problème physiologique. Aux 20 acides aminés constitutifs des protéines correspondent, après accrochage sur leurs ARN de transfert, 10 fréquences synchronisées dont l'enchaînement des intervalles au cours du processus d'élongation a un rôle fonctionnel. Ces extensions de l'onde de de Broglie pour satisfaire aux critères d'homogénéité requis par la prise en compte du sujet mesurant en théorie quantique, persistent en effet bien au-delà de leur association aux corpuscules lors de ce processus. Des phénomènes de résonance en procèdent, qui portent sur les enchaînements temporels et spatiaux d'intervalles de fréquences synchronisées, et régulent le taux de synthèse et le repliement spatial des protéines. L'invariance d'échelle de ces successions d'intervalles permet alors une forme de dialogue entre le sujet et ses gènes, dont témoigne l'inspiration artistique à travers les âges.

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